Une économie québécoise qui ralentit

“L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a publié, la semaine dernière, des chiffres confirmant la poursuite du ralentissement de l’activité économique québécoise. D’un mois à l’autre, le produit intérieur brut (PIB) a même fait du surplace (0,0 %) en février, une fois pris en compte l’effet de l’inflation, alors que le mois d’avant, la croissance mensuelle réelle du PIB avait été à peine moins poussive (0,1 %).

Dans les deux cas, cela marquait un net recul de la croissance sur 12 mois. Au-dessus de 3 % à pareille date l’an dernier, après le tour de montagnes russes infligé par la pandémie de COVID-19, ce taux de croissance était toujours supérieur à 2,5 % à la fin de 2022, mais a chuté à 1,4 % en janvier et à 1,3 % en février derniers.

Ces chiffres globaux cachent d’importantes différences entre le secteur de la production de biens (-2,1 % sur 12 mois en février) et celui des services (+2,5 %), rapporte l’ISQ. Les écarts sont plus grands encore entre les sous-secteurs, comme ceux de l’extraction minière (-2,3 %), de la construction (-1,2 %), du commerce de détail (+3,2 %), des services professionnels, scientifiques et techniques (+4,9 %) ou encore de l’hébergement et la restauration (+33 %).

« Le manque de vigueur de l’économie du Québec au début de 2022 concorde bien avec nos prévisions, a observé mercredi dernier Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins. Il s’agit de la première étape avant que le PIB réel entame une période de contraction. Notre scénario table toujours sur une récession modérée en 2023 et celle-ci devrait se manifester sous peu. Le niveau élevé des taux d’intérêt qui affecte à la fois les ménages et les entreprises ainsi que l’ajustement à la baisse des inventaires entraîneront inévitablement l’économie vers le bas. »

La Financière Banque Nationale croit, pour sa part, « qu’une récession est encore évitable au Québec », a expliqué son confrère Daren King, le même jour. « En effet, la situation financière des consommateurs québécois se compare favorablement à l’ensemble du [Canada] avec un taux d’épargne qui demeure encore plus élevé et un niveau d’endettement plus faible, des atours face aux défis actuels. »”

*Publié par le site web ledevoir.com, le 30 mai 2023