“« J’ai survécu à la vague de licenciements chez Meta. Devrais-je accepter une proposition de job pour aller chez Google ? » C’est le genre de questions qu’on peut lire ces jours-ci sur Blind, un forum anonyme de discussion autour des emplois du secteur de la tech. Au sondage lancé par cet ingénieur informatique rescapé des 11 000 suppressions de postes annoncées le 9 novembre par la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, les confrères conseillent à 73 % de fuir chez le leader de la recherche en ligne. Car, « il y aura une deuxième vague », met en garde un internaute. D’autres ne sont pas de cet avis : « Tu seras furieux si tu te fais virer après une semaine chez Google, alors attends plutôt un peu », lui conseille un autre, anticipant des départs contraints dans la firme de Mountain View. « C’est la fin, les travailleurs de la tech américaine sont sur la même voie que les métallurgistes », dramatise un autre. « Arrêtez de faire peur aux gens. Il y a encore plein d’embauches dans certaines entreprises de tech », le rembarrent plusieurs développeurs.
La teneur de ces débats aurait paru improbable il y a encore quelques mois, dans un des secteurs les plus florissants de l’économie mondiale. En quelques jours, Meta a annoncé les premiers licenciements de son histoire, Twitter a sabré ses effectifs en deux, Stripe et Lyft se sont séparés de 13 % de leurs salariés. Même Amazon a lancé un plan social de 10 000 employés de bureau, assorti d’un gel des embauches, également « ralenties » chez Apple. Selon le site de ressources humaines Indeed, le nombre d’annonces d’ingénieurs logiciels a reculé de 29 % en octobre, par rapport à un an plus tôt.
Ce coup de froid sur l’emploi s’accompagne de mesures d’économies inédites, chez Meta, Amazon ou Google que le PDG a souhaité en octobre rendre « 20 % plus productives ». Les directions financières portent un œil nouveau – et soupçonneux – sur les dépenses. Certaines activités déficitaires ont été fermées : chez Amazon, le projet de robot de livraison à roulettes Scout et le service médical Amazon Care ; chez Google, le service de jeux Stadia ; chez Meta, les montres et tablettes connectées…
Sanctionnés en Bourse
Au troisième trimestre, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ont publié des croissances d’activité ralenties : seulement + 6 % pour Google, + 8 % pour Apple et + 15 % pour Amazon. Meta a même enregistré une baisse de 4 %. Leurs titres sont sévèrement sanctionnés en Bourse : – 66 % depuis le début de l’année pour Meta, – 41 % pour Amazon, –33 % pour Google et –19 % pour Apple.”
*Publié par le site web lemonde.fr, le 18 Novembre 2022