Le taux de chômage descend à 3,4 % aux États-Unis

“En avril, ce sont ainsi 253 000 emplois qui ont été créés, a annoncé vendredi le département du Travail, contre 165 000 en mars — un chiffre révisé en forte baisse.

L’emploi reste en hausse dans les services aux entreprises, les soins de santé, les loisirs et l’hôtellerie, ainsi que dans l’aide sociale, détaille un communiqué.

Quant au taux de chômage, il baisse encore, et tombe à 3,4 % (-0,1 point), comme en janvier, son plus bas niveau depuis 1969. Les analystes tablaient sur 180 000 créations d’emplois et un taux de chômage à 3,6 %, selon plusieurs consensus.

Le président américain Joe Biden a salué ces chiffres dans un tweet : « Mon programme pour investir dans les États-Unis fonctionne ».

Une baisse des créations d’emplois et une hausse du taux du chômage sont pourtant attendues pour parvenir à juguler l’inflation. Celle-ci, toujours très forte, avait été alimentée, entre autres, par l’importante croissance des salaires liée au manque de main-d’œuvre.

Les salaires ont ainsi continué de grimper en avril, mais un peu moins vite. La hausse du salaire horaire moyen est de 4,4 % sur un an, à 33,36 dollars, contre 4,6 % le mois dernier.

Les créations d’emplois dans le seul secteur privé, publiées mercredi, avaient donné le ton, en déjouant les pronostics, avec 296 000 emplois créés contre 142 000 le mois précédent, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.

« Force et stabilité »

« Il y a de bonnes nouvelles pour chacun dans ce rapport sur l’emploi », a souligné Nick Bunker, économiste pour le site de recherche d’emplois Indeed : « les travailleurs seront heureux que le chômage reste faible […]. Les employeurs seront ravis que la participation au marché du travail continue de croître », a-t-il détaillé.

Et selon lui, même les responsables de la banque centrale américaine (Fed), en première ligne pour lutter contre la forte inflation, y trouveront leur compte, « rassurés par le ralentissement progressif du rythme des embauches ».

Il alerte cependant sur le fait que « les remous sur le marché financier pourraient provoquer des turbulences », en référence à la récente crise bancaire, qui a encore resserré l’accès au crédit.

C’est en effet à la Fed qu’il revient de faire ralentir l’activité économique, dans l’espoir de mettre fin à cette hausse des prix inédite depuis 40 ans.

Dans ce but, elle relève ses taux depuis un an. Cela conduit les banques à rehausser le coût des crédits qu’elles proposent aux ménages et aux entreprises, pour peser sur la consommation et l’investissement, et faire cesser l’escalade des prix.

La Fed a encore augmenté ses taux mercredi, à l’issue de sa réunion de politique monétaire, pour la 10e fois d’affilée.

« Trop tôt pour savoir »

Et désormais, la question d’une pause dans ces relèvements est sur la table, pour éviter de trop peser sur l’activité économique, ce qui pourrait faire plonger les États-Unis dans la récession. Mais la vigueur du marché de l’emploi pourrait plaider dans la direction opposée.

« Il est beaucoup trop tôt pour savoir quelle politique monétaire adopter » lors de la prochaine réunion, en juin, a commenté vendredi sur la chaîne Fox News le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, qui dispose cette année du droit de vote tournant à la Fed.

« Le marché du travail est de loin la partie la plus forte de l’économie », a-t-il souligné, mais « les questions de savoir quelles seront les conditions de crédit et quel va être le sort de nos banques régionales […] vont beaucoup compter ».

Fin mars, il y avait encore près de 9,6 millions de postes vacants, selon l’enquête JOLTS du département du Travail publiée mardi. C’est, certes, en baisse régulière, mais cela reste à un niveau très élevé.

« La demande de main-d’œuvre dépasse encore largement l’offre de travailleurs disponibles », avait commenté mercredi le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse.

« Nous voyons certaines preuves d’un assouplissement des conditions du marché du travail », avait-il indiqué, « mais, globalement, vous avez un taux de chômage au plus bas en 50 ans ».

Toutefois, Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics, anticipe que « les hausses de taux cumulées et le resserrement des normes de prêt (pèseront) sur l’économie et le marché du travail au second semestre ».”

*Publié par le site web lapresse.ca, le 05 mai 2023