Au Canada, la taille du troupeau national est en déclin depuis plusieurs années. En 2023, elle a baissé de 1,5 % pour atteindre 3,66 millions de bêtes, le plus petit total depuis 1989.

Aux États-Unis, les données racontent une histoire encore plus dramatique. Le nombre de bêtes d’élevage a chuté à 28,2 millions en 2023, le plus total depuis 1961.

La situation dessine une équation simple : moins de bêtes égale moins de viandes, ce qui entraîne une baisse des exportations et une hausse des prix au détail.

« Malheureusement pour les consommateurs, les prix vont continuer à grimper, prévoit M. Zimmerman. Et selon nos estimations et une base américaine, le prix devrait encore augmenter de 1,50 $ d’ici les prochaines années. »

Dans le sud-est de l’Alberta, près du village de Jenner, l’éleveur Brad Osadczuk a dû déplacer son troupeau vers un terrain qu’il a loué dans l’est de la Saskatchewan afin de mieux le nourrir. Son propre pâturage était complètement appauvri par la sécheresse.

« C’est la pire sécheresse de ma vie d’adulte, et je suis né en 1971, lance-t-il. Notre prairie ne redeviendra jamais verte. »

M. Osadczuk a pu réduire la taille de son troupeau. Certains de ses collègues ont dû l’imiter au cours des cinq dernières années.

« On affronte des conditions de sécheresse depuis longtemps. Dans notre région de l’Alberta, les troupeaux sont plutôt petits. »

Et même si les conditions météorologiques s’amélioraient, les éleveurs ne peuvent pas se ressaisir en une seule nuit. C’est la raison pour laquelle le prix de la viande de bœuf demeurera élevé encore pendant un certain temps.

« Cela ne se réglera pas à court terme, met en garde M. Osadczuk. Une vache qui est née aujourd’hui mettra quatre ans avant d’arriver à l’autre bout de la chaîne alimentaire. »

Anne Wasko, une analyste du marché du bétail, croit que l’approvisionnement en viande de bœuf nord-américain restera précaire. Et l’avenir dépendra de dame Nature.

« L’approvisionnement devrait encore diminuer en 2024, en 2025 et, sans doute, jusqu’en 2026, dit-elle. Il nous faut de la pluie pour renverser la vapeur. »”

*Publié par le site web lapresse.ca, le 26 février 2024