La Caisse de dépôt veut mesurer l’effet de la finance sur la biodiversité

“Comme un investisseur peut mesurer la performance financière d’une entreprise ou d’un fonds de placement par les rendements générés, un investisseur devrait aussi pouvoir connaître leurs impacts sur la biodiversité grâce à une série d’indicateurs, estime la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

Et c’est précisément ce sur quoi travaille l’institution, a-t-elle annoncé jeudi aux côtés de partenaires du secteur de la conservation de la nature, de la finance et de la recherche au Québec.

Dans le cadre de la COP15, qui se déroule à Montréal, la Caisse de dépôt s’est réunie avec le fonds d’investissement Fondaction, la Société pour la nature et les parcs (SNAP) Québec, le Centre de la science de la biodiversité du Québec et l’Université de Sherbrooke pour entamer l’élaboration d’indicateurs de biodiversité spécifiques au territoire et aux investisseurs du Québec.

Désormais lancé, le projet devrait s’étaler sur deux années. Les indicateurs qui en découleront permettront au secteur financer de disposer d’un cadre de référence commun pour mesurer les impacts des investissements sur la biodiversité et améliorer la prise de décision, affirme-t-on.

« Non seulement le secteur financier peut jouer un rôle dans la conservation de la biodiversité et aider à limiter la destruction de nos écosystèmes, mais on peut aussi contribuer à leur rétablissement », soutient Marc-André Blanchard, premier vice-président de la CDPQ et chef de CDPQ Mondial.

Ces critères permettront de « mieux aligner le capital sur les objectifs de développement durable », souligne M. Blanchard, qui rappelle que la Caisse de dépôt suit déjà une grille d’analyse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour « chaque possibilité d’investissement ». Grâce à ces nouveaux indicateurs de biodiversité , il sera aussi possible de « parfaire » la prise de décision, indique-t-il.

La singularité du Québec

Selon Diego Creimer, directeur finance et biodiversité à la SNAP Québec, « il est nécessaire d’avoir des indicateurs locaux, et de ne pas seulement se reposer sur des indicateurs internationaux ». Il souligne notamment les singularités reliées au fleuve Saint-Laurent, ainsi que les spécificités « bioculturelles » des Premières Nations, entre autres, dont doivent tenir compte les investisseurs d’ici.

M. Blanchard estime quant à lui que ce projet — élaborer des indicateurs de la biodiversité québécoise pour le secteur financier — constitue une preuve supplémentaire du leadership de la province en la matière. « Montréal est une plaque tournante de la finance durable », dit-il, en citant en exemple l’installation récente dans la métropole d’un bureau de l’International Sustainability Standards Board, l’organisme chargé de créer de nouvelles normes de divulgation financière environnementale.”

*Publié par le site web ledevoir.com, le 08 décembre 2022