“Depuis plus de 50 ans, le Docteur Dr Ayigan Oscar d’ALMEIDA, fondateur et PDG des laboratoires GGIA a investi dans la recherche et le développement pharmaceutique afin de trouver des solutions alternatives inspirées de la médecine traditionnelle africaine améliorée. Créé en 1991, le laboratoire Génie Génétique et Industries Annexes (GGIA) a à son actif plusieurs médicaments et brevets. Il recherche des financements sous toutes les formes, afin de pouvoir continuer sa mission avec sérénité.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis le Dr Ayigan d’ALMEIDA, pharmacien industriel, médecin biologiste, juriste, et auteur togolais, né à Cotonou en 1946.
En somme, je suis un innovateur et un pionnier dans le domaine de la médecine et de la pharmacie au Togo. J’ai travaillé tout au long de ma vie pour améliorer l’accès aux soins de santé pour tous, en créant des structures de santé privées et en initiant des recherches pluridisciplinaires.
Quel a été votre parcours jusqu’ici ?
Déjà pharmacien, j’ai décidé d’étudier la médecine après avoir compris l’importance des examens médicaux et du diagnostic médical chez le malade. Mes études de médecine avaient pour objectif de mieux connaître l’homme dans le fonctionnement et le dysfonctionnement de ses organes. Mieux, elles vous proposent des solutions médicales ou chirurgicales codifiées en cas de pathologies.
Mais au-delà de cette rigueur médicale, il faut savoir interroger nos certitudes et nos réalités endogènes. Malgré toutes ces notions héritées de la normalisation et de standardisation dans les études médicales, il était nécessaire à mon sens, d’introduire chez nous l’étude de certaines plantes à vertus médicinales répertoriées dans le cursus des études de nos facultés de médecine en Afrique. Cela aurait le mérite d’étendre l’arsenal thérapeutique de nos praticiens sur le terrain, avec des matières premières disponibles localement.
Mon objectif recherché dans les études de médecine, non seulement a été atteint, mais il apparaissait une évidence : celle des lacunes à combler en matière de prise en charge de bon nombre de nos affections, dont certaines qualifiées de maladies orphelines. Maladies dont le nombre de cas reste insignifiant ou présentant peu d’intérêt économique pour déclencher un processus de recherche de la part des grands laboratoires pharmaceutiques. D’où la nécessité d’initier au niveau local des recherches et développements pluridisciplinaires avec les moyens du bord à partir de nos connaissances et de nos ressources.
Dans quelles conditions avez-vous créé Précilabo ?
En 1973, j’avais créé La Pharmacie Pour Tous, une pharmacie privée. Avant sa création, il n’y avait qu’une dizaine de pharmaciens exerçant dans tout le pays, principalement à Lomé, la capitale.
En 1977, j’ai franchi une étape supplémentaire avec la création du premier laboratoire de biologie médicale fonctionnel au Togo, appelé Précilabo. Malgré des innovations telles que l’introduction de l’électrophorèse de l’hémoglobine et le dépistage de l’hépatite B (autrefois confondue à tort avec le paludisme), de nombreuses personnes ne comprenaient pas l’utilité des examens médicaux. Il a fallu un certain temps pour que la population comprenne l’importance de ces tests au fur et à mesure qu’ils devenaient plus courants dans la pratique médicale. Pendant une décennie, Précilabo a fonctionné comme un service public, fournissant des services à diverses organisations médicales et commerciales.
Puis, en 1987, vous avez transformé Précilabo en Centre Régional de Diagnostic Médical (CRDM). Dans quelles conditions ?
J’ai adjoint à Précilabo notamment l’imagerie médicale et l’endoscopie digestive. En dehors du diagnostic de la plupart de nos maladies, ce centre a été d’une grande utilité pour suivre les particularités évolutives de certaines épidémies du pays et de la sous-région. Ce centre a aussi permis la prise en charge des maladies virales au premier plan desquelles les hépatites virales, dont l’hépatite virale B.
Ce centre nous a permis de prendre en charge d’autres maladies virales qui ont sévi en pédiatrie dans les années 80-90, notamment la rougeole dans sa forme mortelle. Il nous a paru impératif de mettre en place dans le centre un laboratoire de biologie moléculaire, qui nous a été très utile, pour une prise en charge mieux documentée de nos maladies virales (rougeole, zona, l’herpès, la varicelle, l’hépatite virale B, etc.). Ce centre nous a également permis de suivre et de mieux connaître la maladie drépanocytaire, cette maladie étant propre à la race noire.
Mon désir ardent de trouver des solutions alternatives efficientes à ces affections m’a amené à investir dans la recherche et le développement pharmaceutique.
De quelle façon ?
Déjà en 1970, à la faculté de pharmacie de Paris puis à mes débuts en 1973 au Togo, et tout le long de notre pratique officinale, il m’est apparu de plus en plus évident que les médicaments dont nous disposions pour les besoins de la santé de nos populations ne couvraient pas un certain nombre d’affections. Cela conduisait inéluctablement certains malades à se tourner vers la médecine traditionnelle : c’est le cas entre autres pour les affections virales.
Il fallait impérieusement investiguer cette science de chez nous par des recherches ethnobotaniques qui se sont déroulées sur le continent africain de façon discontinue de 1973 à 1983. Nous avons pu ainsi recueillir quelques milliers de recettes de remèdes auprès de 298 tradipraticiens de tous ordres.
Les recettes recueillies couvrent l’essentiel des symptômes des maladies généralement rencontrées par les populations africaines. À la suite de cette enquête ethnobotanique, nous avons pu constituer un herbier de 575 espèces végétales.
Toutes ces données nous ont amené à retenir les espèces végétales intéressant la prise en charge de maladies orphelines c’est-à-dire des maladies ne disposant pas de traitement en milieu médical conventionnel, notamment les maladies virales, la drépanocytose, qui ont fait l’objet de notre part de travaux de recherche et développement (R&D) ayant conduit à la mise au point de médicaments de type nouveau ou spécialités pharmaceutiques.
Une vraie percée donc ?
Oui, d’autant plus qu’une autorisation d’installation d’une unité de recherche et de production de produits pharmaceutiques a été octroyée à notre laboratoire pharmaceutique, Génie Génétique et Industries Annexes (GGIA), en 1991. Ce travail novateur a également débouché sur l’obtention de plusieurs autorisations de mise sur le marché (AMM) de plusieurs de nos médicaments.
Tels que : Palucure® et Palumax® (traitements antipaludéens) ; Hépantivir® , Ténofovir (traitements des hépatites virales B) ; Staviral® (traitement antiviral polyvalent) ; et Drépanostat® (traitement inhibiteur de la falciformation des hématies SS chez les drépanocytaires).
Quel bilan en faites-vous ?
Le bilan est positif.
En effet, après obtention des visas de commercialisation auprès des différentes autorités compétentes, nos produits sont déjà en vente en pharmacies dans plusieurs pays francophones et anglophones de la sous-région. Nos ventes en croissance constante confirment l’originalité, l’utilité et la qualité de nos produits.
Quelle est désormais votre stratégie ?
En 2019, la pandémie du Coronavirus a eu la particularité de paralyser le monde entier et de mettre encore plus en lumière les limites de nos systèmes de santé, y compris celui de la chaîne de valeur du médicament, ce qui pour nous à GGIA, justifie encore plus la nécessité de la R&D et de la production locale. Cela vient davantage consolider la dynamique et la politique qui est la nôtre depuis une cinquantaine d’années.
Très tôt, dès le départ, en 1991, connaissant nos besoins et nos challenges, les laboratoires GGIA ont eu à investir également dans les ressources humaines censées être la main-d’œuvre qualifiée de demain. C’est ainsi qu’une quinzaine de personnes ont été formées (médecins, pharmaciens, techniciens spécialisés, etc.).
Par la présente, les laboratoires GGIA viennent affirmer leur volonté de continuer le travail qui existe et qui a déjà fait ses preuves, en faisant appel aux capitaux de tous horizons, de personnes se sentant concernées par cet appel aux dons d’argent et de toutes autres natures, afin de pouvoir continuer notre mission avec sérénité, en faisant mieux face aux contraintes techniques et financières de l’industrie pharmaceutique. Cela nous permettrait d’être encore plus productif et plus innovant.”
*Publié par le site web jeuneafrique.com, accessible le 1er juin 2023