Quand Tradition et Environnement se Rencontrent

Djiguiyaso, qui signifie « maison de l’espoir » en langue bambara, est une coopérative créée en 2004 au Mali. Spécialisée dans le textile, ses produits typiques maliens sont fabriqués suivant des méthodes traditionnelles et avec des colorants écologiques. Aïssata Namoko est la fondatrice de Djiguyaso et travaille dans ce secteur depuis 60 ans avec les membres de sa famille. Dès l’âge de six ans, sa mère qui était tisserande l’initia aux textiles maliens. Cette transmission intergénérationnelle de la production du textile est fondamentale pour la préservation du savoir-faire traditionnel, ce qui a conduit Aïssata a créé Djiguyaso qui offre au monde des textiles typiques du Mali qui sont transformés en articles de maison, en décorations intérieures, en vêtements et en accessoires. 

En 2004, la coopérative a démarré avec 10 femmes, et travaille actuellement avec plus de 100 femmes et 24 hommes locaux. Au fil des ans, Aïssata a formé des femmes et des hommes de sa communauté dans la teinture, la filature, la couture, le crochet, le tissage et la finition des produits. 

« C’est ma passion pour les textiles et la couture qui m’a motivée. J’ai hérité ce savoir-faire de ma mère lorsque j’étais enfant. La chose la plus passionnante dans mon travail c’est la teinture en particulier avec l’indigo. »

L’indigo est une plante cultivée au Mali et ces feuilles servent à colorer les textiles. Les feuilles sont cueillies et séchées pendant plusieurs jours. Elles sont ensuite réduites en une poudre qui sert de premier ingrédient pour la préparation de différentes teintes de bleu. On mélange la poudre avec de l’eau et on ajoute parfois de la potasse (sels gemmes qui contiennent du potassium) au mélange pour créer différentes variantes de bleu. Il faut environ deux semaines à un mois pour obtenir le bon mélange de couleurs. « Cette technique de teinture et de création de motifs de textile existe au Mali depuis plus de trois mille ans, et elle nous démarque véritablement de nos concurrents, car nous utilisons des méthodes traditionnelles pour créer le produit final. »

Aïssata a commencé à exporter dans le monde grâce au soutien de TFO Canada. En 2007, le personnel de TFO Canada a contacté des designers maliens et de quatre autres pays dans le cadre de « Design Africa » et c’est ainsi qu’Aïssata se retrouva sous la tutelle de TFO Canada. Cette année-là, elle participa au Salon international de décoration intérieure de Montréal (SIDIM), un salon de référence dans le domaine de la décoration intérieure. De nombreux donateurs et commanditaires ont financé « Design Africa », y compris le gouvernement canadien dans le cadre du Programme de renforcement des capacités commerciales en Afrique (PACT) et des formations ont été offertes sur l’accès aux marchés canadiens et étrangers, ainsi qu’un appui pour participer au SIDIM. Au salon, elle rencontra plusieurs acheteurs nord-américains tels qu’Aid for Artisans et vendit beaucoup. Un acheteur européen lui fit une grosse commande de 800 grandes nappes en textile. Cela changea le parcours de Djiguyaso et lui ouvrit les portes du marché européen. En 2010, Djiguyaso a été récompensée par l’UNESCO pour son utilisation des techniques traditionnelles et ses initiatives de développement communautaire. 

« Cette année a été une année difficile pour le secteur des produits artisanaux, mais j’espère pouvoir continuer à faire avancer la coopérative. Grâce à cette coopérative, nous avons créé un centre pour les jeunes, et notre action consiste à les former dans les arts, la teinture, le crochet et la couture, afin qu’ils puissent prendre la relève dans l’avenir. Il est important de continuer à transmettre ce savoir-faire traditionnel et ces techniques de teinture. Cela fait partie de l’histoire et la culture maliennes. Nous voulons motiver les jeunes à s’intéresser aux arts, et promouvoir la tradition et le travail artisanal maliens partout dans le monde. »

Nous avons également creusé un puits pour la communauté afin que les femmes aient de l’eau potable. Nous faisons de notre mieux pour que nos membres reçoivent un salaire équitable, en vue de prendre soin de leurs familles et subvenir à leurs besoins. Une grande partie de ce succès est due aux partenariats que nous avons tissés en 2007 lors du SIDIM avec le soutien de TFO Canada. »