Consommer de manière plus écologique et éthique, un clic à la fois

“Des outils Web et mobiles se multiplient depuis plusieurs années pour aider les consommateurs à effectuer des choix plus écologiques et éthiques. Des Montréalais travaillent à en ajouter de nouveaux pour leur simplifier la vie. Voici quelques projets en cours.

Les achats de seconde main sont de plus en plus perçus comme étant une façon d’économiser tout en limitant la surconsommation. Or, même les gens bien intentionnés ne pensent pas toujours à aller visiter les plateformes comme Facebook Marketplace et Kijiji lorsqu’ils font leurs achats en ligne, croit Aida Bumbu, cofondatrice de Nearbuy.

Avec son collègue Corentin Thomasset, elle a imaginé une solution qui a remporté la troisième place au concours international Call for Code d’IBM en 2022.

« Quand quelqu’un va acheter un produit neuf dans un magasin en ligne, notre application va extraire des mots-clés, comme le nom et la marque, et va faire une recherche sur les sites de seconde main, explique Mme Bumbu. Les résultats vont être retournés sur la page du produit neuf, et une bulle va apparaître pour dire que des produits similaires de seconde main sont disponibles. Si les clients sont intéressés, ils peuvent cliquer pour aller voir les offres. »

Pour l’instant, l’outil, qui est une extension pour le navigateur Web Chrome, est disponible en version bêta sur la plateforme GitHub. Elle ne peut être utilisée qu’à Montréal avec trois sites de commerce en ligne, dont Amazon et IKEA, et deux plateformes de revente. Les deux créateurs travaillent encore à raffiner leur outil et à intégrer davantage de sites Internet. Puisque le code informatique de leur outil est accessible librement, ils invitent tous ceux qui le souhaitent à collaborer au projet. Le duo a l’intention de le mettre à la disposition du plus grand nombre dans les six prochains mois, par l’entremise du Chrome Web Store.

Recenser des commerces durables

Yannick D’Mello, diplômé d’un doctorat de l’Université McGill, a reçu une bourse de l’organisme Mitacs pour amener plus loin, dans les deux prochaines années, sa plateforme Stocate, lancée en 2020. Contraction des mots anglais store (magasin) et locate (localiser), son application mobile a pour objectif de recommander aux utilisateurs montréalais des commerces et des produits — surtout d’alimentation — qui correspondent à leurs valeurs.

Dans sa version actuelle disponible, il est possible de faire une recherche par mots-clés selon ses besoins. Une liste de suggestions apparaîtra, avec certaines indications, notamment sur le type d’emballage — réutilisable, recyclable, compostable — et la taille de l’entreprise.

 Quand quelqu’un va acheter un produit neuf dans un magasin en ligne, notre application va extraire des mots-clés, comme le nom et la marque, et va faire une recherche sur les sites de seconde main. Les résultats vont être retournés sur la page du produit neuf, et une bulle va apparaître pour dire que des produits similaires de seconde main sont disponibles.

La mission de M. D’Mello est de bonifier son application avec un système d’évaluation juste et simple, basé sur des critères environnementaux, locaux, équitables et de prix. Le nombre de commerces qu’elle inclut doit aussi être agrandi, avec l’aide de la communauté d’utilisateurs.

Un besoin réel

À Montréal, justement, plusieurs restaurants, cafés, boulangeries, épiceries et boutiques ont fait des efforts dans les dernières années pour réduire leurs emballages et leur gaspillage alimentaire. La communauté Mon commerce zéro déchet de Concertation Montréal vient d’ailleurs de lancer un guide de bonnes pratiques, qui met en lumière des actions comme l’instauration d’un système de consigne pour des plats à emporter.

Janie-Claude Viens, agente de développement chez Concertation Montréal, croit que ces commerçants modèles gagneraient à avoir plus de visibilité. Il pourrait donc être utile qu’ils soient mis en valeur dans des vitrines comme Stocate. Le répertoire des Pages vertes en est une autre, recensant environ 2400 entreprises jugées écoresponsables à travers le Québec. Sa fondatrice veut d’ailleurs amener le projet plus loin, en offrant dès maintenant un service pour accompagner les entreprises dans l’aventure vers l’écoresponsabilité.

Les citoyens sont réellement sensibilisés à la consommation responsable, mais ils ne savent pas toujours comment s’y retrouver dans la masse complexe et évolutive d’informations à ce sujet, constate Amélie Guèvremont, chercheuse associée à l’Observatoire de la consommation responsable de l’UQAM.

« Pour une entreprise, saisir cet enjeu et le transformer en valeur ajoutée pour le consommateur, ça peut être une occasion intéressante », estime-t-elle.

Comme de nouvelles équipes vont assurément tenter le coup, il faudra surveiller les nouveaux outils qui continueront d’apparaître.”

*Publié par le site web ledevoir.com, le 24 janvier 2023