Pour des emballages écoresponsables en alimentation

“Pellicules en plastique rigide, cartons de lait, barquettes en styromousse… Le panier d’épicerie québécois standard contient nombre d’emballages. Or, ces objets ne sont pas toujours facilement recyclables dans le cadre de la collecte sélective.

Le gouvernement du Québec espère accélérer un virage vers des emballages dits écoresponsables en injectant 16,5 millions de dollars dans un programme d’accompagnement des entreprises de transformation des aliments et des boissons, Écoemballage+. Celui-ci sera géré par le Fonds d’action québécois pour le développement durable (FAQDD).

Directeur général du FAQDD, Nicolas Girard cite comme exemples les emballages multimatières, composés de différents matériaux superposés, qui sont difficiles à défaire au centre de tri et donc à valoriser. Il s’agit d’un type de contenant qu’il serait utile de remplacer. Un autre objectif sera de réduire le suremballage. Mais la solution n’est pas vraiment simple, et n’est pas nécessairement la même pour toutes les entreprises.

« Il faut s’assurer de l’innocuité des aliments et de leur durée de conservation. Ça prend de l’expertise pour trouver les bons mélanges. Cette expertise n’est pas toujours présente dans les entreprises », souligne M. Girard. C’est là que le programme gouvernemental entrera en jeu, en permettant d’embaucher des experts.

Les entreprises québécoises qui souhaitent adopter des emballages plus écoresponsables pourront soumettre leur projet et obtenir jusqu’à 50 000 $. On peut ainsi déduire que quelques centaines des 2700 entreprises de transformation alimentaire pourraient s’en prévaloir. Des regroupements d’entreprises seront également admissibles dans un volet collectif du programme.

« On pourrait travailler avec l’Association des producteurs d’hydromel, qui utilisent des bouteilles en céramique plus difficilement recyclable. Si on peut faire un travail qui va bénéficier à l’ensemble des membres, on va décupler l’impact », affirme le directeur général.

M. Girard estime que les entreprises subissent des pressions de toutes parts pour moderniser leurs pratiques, que ce soit de leurs clients, de leurs employés ou des milieux financiers. Ils sont aussi incités à le faire par le principe de la responsabilité élargie des producteurs, en cours d’implantation graduelle, qui les force non seulement à financer, mais aussi à encadrer tout le cycle de valorisation des matières par l’entremise d’Éco Entreprises Québec.

On peut penser que les entreprises qui continueront à mettre en marché des contenants non recyclables après 2025 pourraient subir des conséquences financières, selon Karel Ménard, directeur général du Front commun pour une gestion écologique des déchets. Or, le programme annoncé mardi pourrait aider les producteurs locaux à demeurer concurrentiels par rapport aux multinationales.

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, a présenté ce programme dans les bureaux de Maison Riviera, en Montérégie. Cette entreprise de produits laitiers est connue pour ses petits pots de verre réutilisables. Certains produits sont toutefois vendus dans des contenants en plastique.

La directrice générale, Émilie Laurin, affirme que sa compagnie souhaite s’améliorer. Le financement issu d’Écoemballage+ ne permettrait pas de couvrir tous les coûts de leurs projets visant à changer certains emballages, mais permettrait d’accompagner leur réflexion.

Le ministre Lamontagne a également annoncé l’octroi de 1,5 million de dollars à Inno-centre, une organisation spécialisée en services-conseils aux PME, « afin d’accompagner les entreprises dans la mise en oeuvre de la modernisation du système de consigne par l’optimisation de leur capacité logistique ».”

*Publié par le site web ledevoir.com, le 17 mai 2023